La formule est digne d’un slogan. « Nous pensons que la portée d’un message politique doit se mériter, pas s’acheter. » Mercredi, le PDG de Twitter, Jack Dorsey, a annoncé que le réseau social n’accepterait plus aucune publicité à caractère politique, où que ce soit dans le monde.

Cette prise de position intervient alors qu’aux Etats-Unis, la campagne pour les primaires a débuté dans un contexte de grande méfiance vis-à-vis des grandes plateformes en ligne. L’ombre d’une ingérence russe financée à coups de millions de dollars pèse toujours sur le scrutin de 2016…

Surtout, en interdisant à la sphère politique de « sponsoriser » des messages ou des clips vidéo, le réseau social se positionne à rebours de Facebook qui, sous prétexte de privilégier la liberté d’expression, limite son implication dans la lutte contre les « fake news » grassement subventionnées.

« Il faut quand même rappeler que la publicité politique sur Twitter est bien moins importante que celle sur Facebook », nuance Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l’université Paris-II Panthéon-Assas.

Pour le coauteur de « #info. Commenter et partager l’actualité sur Twitter et Facebook » (Maison des Sciences de l’Homme, 2017), Twitter aurait donc beau jeu de « renoncer à des revenus modestes » à grand bruit.

L’initiative, bien sûr, devrait avoir un coût. Aujourd’hui, les contenus publicitaires semblent acceptés quasi automatiquement après un « scan » opéré le plus souvent par des algorithmes. Interdire les messages politiques impliquerait une surveillance et une modération accrue.