L’aveu est cinglant. Neuf mois après son introduction en Bourse, Snap, la maison mère de Snapchat, a reconnu, mardi 7 novembre, que sa plate-forme était trop difficile à comprendre pour le grand public. « Nous procédons à une refonte de notre application pour la rendre plus facile à utiliser », a déclaré Evan Spiegel, son patron et fondateur, en marge de la publication des résultats financiers de l’entreprise.

Le pari est risqué car il pourrait susciter le mécontentement des utilisateurs les plus fidèles. Mais Snap n’a guère le choix. Une fois encore, ses performances trimestrielles ont fortement déçu les investisseurs de Wall Street. Dans les échanges d’après Bourse, son action chutait ainsi, mardi soir, de plus de 17 %, retombant tout près du plus bas niveau historique touché en août.

Au troisième trimestre, Snap a réalisé un chiffre d’affaires de 208 millions de dollars (179 millions d’euros), soit une progression de 62 % par rapport à 2016. Mais cette hausse est nettement inférieure aux attentes des marchés, qui avaient pourtant été revues à la baisse ces dernières semaines. Cela signifie que le ralentissement de la croissance s’effectue à un rythme beaucoup plus élevé qu’initialement redouté.
Dans le même temps, les dépenses de la société continuent de s’envoler. En un an, elles sont passées de 260 millions à 670 millions de dollars. Conséquence : sa perte nette a plus que triplé, pour atteindre 443 millions de dollars (383 millions d’euros). Depuis son lancement en 2011, Snap n’a jamais réalisé le moindre dollar de profit.

Au-delà des résultats financiers, l’inquiétude provient surtout de l’incapacité à attirer de nouveaux adeptes. Entre juillet et septembre, le nombre d’utilisateurs quotidiens n’a progressé que de 4,5 millions, à 178 millions. Snapchat paie les efforts répétés de Facebook pour copier ses fonctionnalités les plus populaires, en particulier le concept de « stories », qui permettent de partager des photos et des vidéos disparaissant au bout de 24 heures. Sur Instagram, qui appartient à Facebook, celui-ci attire 300 millions d’utilisateurs par jour.
Un changement radical sur le plan publicitaire.

Face à cette menace, Snap veut donc reprendre l’initiative. « Nous sommes prêts à prendre des risques, car nous pensons que cela sera bénéfique sur le long terme », assure M. Spiegel. La nouvelle version de l’application devrait reposer sur un algorithme informatique, permettant de « découvrir plus facilement la vaste quantité de contenus ». Mais elle ne devrait pas intégrer de fil d’actualités similaire à ce que propose la concurrence. En revanche, l’outil de cartographie, qui permet de localiser ses amis et de visualiser des photos et vidéos à proximité, devrait occuper une place plus importante.